La restauration du château de Mauvezin
En 1906, Albin Bibal lance une restauration du château en style romantique pour l’habiter. Il construit l’escalier métallique en colimaçon pour accéder à la cour, l’escalier métallique double à l’intérieur de l’enceinte pour accéder au chemin de ronde, réaménage le donjon par la création d’un escalier en bois, réorganise les différents niveaux de plancher et refait le crénelage du donjon.
En 1907, il donne le château à l’association Escòla Gaston Febus. Quelques travaux de consolidation ont été réalisés au cours du temps par les différents concessionnaires (déblaiement de la cour, réfection de l’arc de la porte d’entrée,…). Mais ce n’est qu’à partir de 1981 que commence une véritable campagne de restauration.
Guy Cassagnet, le conservateur nommé par l’association, entreprend la rénovation des bases des contreforts, de la courtine Sud-Est, et la construction d’un bâtiment d’accueil pour le public. Les travaux ont coûté 327 220 €, autofinancés à hauteur de 40 %.
Jean-François Abadie est nommé conservateur en 1996. Il réalisera des travaux de mise en sécurité du château pour recevoir le public en toute sécurité : consolidation du planchers entre le 5ème et le 6ème niveau, réfection de certaines parties de l’escalier du donjon, rénovation de l’installation électrique et installation d’un éclairage réglementaire de secours.
En 1999, le conseil d’administration décide de lancer une campagne de restauration complète du château, et de commander une étude globale confiée à Olivier NAVIGLIO, Architecte en chef des monuments historiques, pour en faire le bilan sanitaire, définir un parti de restauration, un phasage des travaux et une estimation du coût.
Ce projet ne pouvant être mené à son terme avec les seuls moyens financiers de l’association, une entrevue a été demandée au président du Conseil général1 qui, après s’être fait présenter le projet et le plan de financement, a décidé d’accompagner l’association à hauteur de 25 % du montant des travaux. Cet accord rendait possible la campagne de restauration.
Le permis de construire déposé, a été accordé le 16 avril 2002. (N° PC6530601E0011). La société DOS REIS de Jarret a été retenue pour la réalisation des travaux
1 François FORTASSIN, sénateur des Hautes-Pyrénées.
Le projet global comportait 9 phases de travaux :
- Contrefort d’angle nord-ouest et élévations partielles courtine nord
- Contrefort nord et élévations courtine nord (suite)
- Contrefort d’angle nord-est et élévations courtine nord-est
- Crénelage du donjon 5. Contrefort d’angle sud-est et élévations partielles courtines sud-est 6. Contrefort d’angle sud et élévations partielles courtine sud
- Contrefort ouest et élévations courtine ouest 8. Contrefort est et élévation courtines est, accès sécurisé aux courtines
- Donjon primitif
Les courtines Nord et Nord-Est (phases 1, 2 et 3) ont été restaurées de mars 2003 à janvier 2004. C’était la plus endommagée du château. Le haut du mur était ruiné et la végétation s’était installée. On distinguait à peine les anciennes baies dont ne subsistaient qu’une partie des encadrements, une petite baie à large embrasure et deux foyers de cheminée à l’état de ruines.
Les travaux de restauration ont été précédés du dégagement de la cour qui était encombrée, sur la moitié de sa longueur, de gravats jusqu’à hauteur du ressaut du mur. Le déblaiement réalisé par les bénévoles de l’association a porté sur 300 m3, desquels ont été retirés 50 m3 de cailloux triés et calibrés pour réemploi sur le chantier de restauration.
Le point le plus délicat concernait la restitution des ouvertures et des cheminées disparues. Le rez de chaussée était éclairé par des jours et doté de 2 cheminées partiellement enterrées en raison de l’élévation du niveau du sol (présence de gravats dans la cour). Le premier étage était vraisemblablement occupé par une grande salle éclairée par des croisées à coussièges et chauffée par une grande cheminée centrale. Les jours du niveau bas et les croisées à coussièges avaient laissé suffisamment de vestiges pour permettre une restitution. Les 2 cheminées ont pu être restituées pour les mêmes raisons
Les parements ont été repris à partir des observations faites sur le terrain : galets pour les parements courants, galets et moellons équarris pour les trumeaux entre les baies du 1er étage, moellons et parements équarris pour les angles des ébrasements intérieurs, voûtes et arcs segmentaires en brique, encadrements et meneaux en pierre de taille (grès de Molière) arcs de décharge extérieurs des baies en moellons de schiste. Un parapet de 1,05 de hauteur a été installé le long des courtines avec exhaussement des têtes de contreforts par un mur en maçonnerie de 3 m de hauteur et 0,45 d’épaisseur avec chaînage d’angle en grès beige ramagé de Molière.
Des baies sur contreforts ont été placées sur les trois faces (meurtrières) et des gargouilles ont été posées sur chaque travée. Le chemin de ronde a été étanchéifié et recouvert de dalles de schistes dans la mesure où trois dalles, sans doute d’origine, ont été retrouvées sur l’extrémité ouest du mur. Un lit d’ardoises a été installé au droit de la reprise des maçonneries pour identifier les parties anciennes des parties restaurées.
De septembre 2005 à mars 2006, les courtines Sud et Sud-Est ont été restaurées (phases 5 et 6).
La courtine Sud-Est possède un ouvrage qui recevait le haut de la rampe d’accès. La façade comporte une petite ouverture de type meurtrière surmontée par une baie avec son allège et son coussiège. Au dessus de la porte, la dalle héraldique était abîmée. La dalle héraldique a été restaurée et une feuille de plomb a été placée au dessus pour la protéger du ruissellement. La hampe du fanion a été refaite et les armes repeintes.
Les garde-corps métalliques de protection extérieure, qui dataient de la restauration de 1906, ont été enlevés et restaurés pour être replacés du côté intérieur, avec un grillage rigide soudé.
En 2007, le grand escalier de bois pour accéder aux courtines a été construit pour remplacer les deux escaliers métalliques qui n’étaient plus en très bon état. Le clocheton au sommet du donjon a été refait en matériau composite pour permettre l’installation d’un relais de téléphonie.
De septembre 2007 à janvier 2008, la restauration des courtines Ouest et Sud-Ouest a été réalisée (phases 7 et 8).
Le double escalier métallique d’accès aux courtines et ses supports maçonnés ont été détruits. Les latrines en encorbellement ont été reconstituées avec des parois en brique foraine et dotées d’une arquebusière de 8 cm de diamètre, à bords biseautés, en calcaire ocre jaune donnant le jour à la latrine. La cheminée intérieure qui avait été murée en 1906 a été dégagée. La façade du conduit d’évacuation a pu être restitué, mais l’encadrement n’a pu être reconstruit en raison du mauvais alignement du parement. Les pierres du soubassement ont été dégagées. A noter que le mur intérieur présente deux alignements du parement qui date de sa reconstruction en 1906, et qui n’a pu être corrigé.
De septembre 2009 à mars 2010, le donjon a été rénové : réfection du crénelage, réfection de l’échauguette latrine sur la façade Nord, purge des joints et refichage des murs Nord et Ouest, réfection de l’encadrement des fenêtres à l’identique des deux ouvertures qui n’ont pas été remaniées en 1906 sur la façade Est, ainsi que la pose, sur la terrasse, d’un garde corps de protection métallique avec éléments récupérés de l’ancien chemin de ronde. De grandes plaques de crépi datées du XVème siècle et situées sur la façade Est du donjon ont été conservées.
La seconde partie des travaux, de septembre 2011 à novembre 2011 a permis de restaurer la façade Ouest du donjon. Bien qu’il reste deux corbeaux apparents, le crénelage n’a pas été refait en saillie, à l’identique des trois autres côtés, en raison de la présence d’une fissure importante observée sur les photos du début du XXème siècle, et placée sur l’angle supérieur droit du donjon.
La dernière tranche des travaux concerne la restauration du donjon primitif situé au milieu de la cour (tranche 9). Les travaux prévus en 2013 consisteront à refaire la façade ouverte avec parements en pierre, à refaire la voûte romane en pierres calibrées avec la trappe du plafond comme cela est indiqué dans le texte du XVI ème siècle qui relate l’évasion des prisonniers, à faire l’étanchéité de la voûte, à remonter une amorce de mur ruiniforme pour montrer qu’il y avait un étage au moins et la porte d’accès au donjon, à poser un carrelage en terre cuite sur la dalle au 1er étage.
Au total, les restaurations auront coûté 1 652 500 €, autofinancées à hauteur de 68 %.
Suivant la volonté du conseil d’administration, les différentes tranches de restauration n’ont été lancées qu’une fois leur financement totalement acquis, afin de ne pas recourir à l’emprunt car, pendant que se faisaient ces travaux lourds, des aménagements intérieurs ont été réalisés pour l’accueil du public, l’enrichissement et la présentation des collections.
Si les travaux les plus importants ont été réalisés par des entreprises, les bénévoles ont pris une part essentielle dans la restauration afin de limiter le coût des travaux.