Gaston Febus, le comte soleil
Gaston Fébus (1331-1391), fils de Gaston II de Foix-Béarn et d'Aliénor de Comminges, naquit à Foix, le 30 avril 1331. À la mort de son père, lors d'une croisade en Andalousie en 1343, il devint comte de Foix et vicomte de Béarn, de Marsan et Gabardan à l'âge de 12 ans.
Egalement engagé dans une lutte sans merci, autre guerre de Cent Ans méridionale, contre le comte d'Armagnac nommé lieutenant du roi en Languedoc, il ravagea ses terres et prît sous sa protection la ville de Toulouse moyennant une confortable rétribution, inaugurant ainsi une vocation d'entrepreneur de guerre, sans rien risquer. La haine ancestrale entre les deux familles les fit s'opposer en maintes occasions en Languedoc et pour la succession du Comminges. Le 5 décembre 1362, à la bataille de Launac, Febus battit le clan des Armagnacs, fit un grand nombre de prisonniers et en retira rançons et immense fortune.
Profitant d'une trêve, il alla guerroyer en Espagne puis partit en été 1357 pour une croisade en Prusse aux côtés des chevaliers teutoniques. Sur le chemin du retour, il délivra la femme du Dauphin de France emprisonnée au marché de Meaux et menacée d'être prise dans la tourmente de la Grande Jacquerie (juin 1358). Son exploit lui valut une grande renommée et à partir de ce moment là il se fait appeler Febus.
Ce puissant prince fut également un sage administrateur. Il réorganisa ses états, instaura une fiscalité permanente, mit en place une administration permanente, se dota dune armée bien équipée et organisa la défense par la création de milices et la construction de nombreuses forteresses qui portaient une orgueilleuse devise « Febus me fe ». Il développa le commerce et rétablit la sécurité des marchands le long des Pyrénées et dans la vallée de la Garonne. Il fit de la monnaie de Morlaas un outil déchange qui inspirait la confiance jusqu'en Orient.
Prince redouté, il fut incontestablement l'un des plus raffinés et des plus cultivés de son temps. Il entretint une cour magnifique où se pressait l'Europe entière. Amoureux des arts, il écrivit le Livre des oraisons et le Livre de la chasse. Il commanda et fit traduire de nombreux manuscrits dont celui d'Albucasis et l'Elucidari. Le chroniqueur Froissart a été reçu à la cour d'Orthez et en a retiré quelques unes de ses plus belles pages.
En 1360, le traité de Brétigny donne la Bigorre aux Anglais. Mais en 1368, les seigneurs bigourdans se révoltent. Seuls les châteaux de Lourdes et de Mauvezin résistent. Aussi, le duc d'Anjou, frère du roi Charles V vient assiéger Mauvezin en 1373. En 1379, après la guerre de succession du Comminges, Febus se fait donner les châtellenies de Goudon et de Mauvezin. Il réunit ses terres aux châtellenies de Lannemezan, Sarramezan, Saint-gaudens et Cassagnabère pour former le Nébouzan. En 1391, il y ajoutera la châtellenie de Sauveterre de Comminges.
Sa gloire fut ternie par le drame d'Orthez en 1380. Dans des circonstances obscures, il tua son unique héritier Gaston, manipulé en sous main par son beau frère Charles le Mauvais, roi de Navarre. Fébus en conçut un immense chagrin. Il mourut en 1391 au cours d'une partie de chasse dans la forêt de Salies de Béarn.